Matrix

MATRIX

Matrix (The Matrix), 1999, Andy et Larry Wachowski, Etats-Unis. Couleur par Atlab et Technicolor.

Productions: Village Roadshow Productions. Groucho II Film Partnership. Silver Pictures.

Producteurs exécutifs : Bruce Berman, Andrew Mason, Barrie M. Osborne, Joel Silver, Erwin Stoff, Andy Wachowski, Larry Wachowski

Assistants réalisateur : Bruce Hunt (directeur de seconde équipe), Toby Pease (premier assistant réalisateur seconde équipe), Tom Read, Noni Roy, Jeremy Sedley (second assistant réalisateur)

Interprètes : Keanu Reeves (Thomas A. Anderson/Neo), Laurence Fishburne (Morpheus), Carrie-Anne Moss (Trinity), Hugo Weaving (Agent Smith), Gloria Foster (Oracle), Joe Pantoliano (Cypher/Mr. Reagan), Marcus Chong (Tank), Julian Arahanga (Epoc), Matt Doran (Mouse), Belinda McClory (Switch), Ray Anthony Parker (Dozer), Paul Goddard (Agent Brown), Robert Taylor (Agent Jones), David Aston (Rhineheart), Marc Gray (Choi), Ada Nicodemou (DuJour), Denni Gordon (Priestess)...

Matrix a obtenu 4 Oscars : meilleur montage, meilleurs effets visuels, meilleurs effets sonores, meilleur son sur 4 nominations.

Dates de sortie : Le film est sorti le 2 avril 1999 aux USA et le 23 juin 1999 en France.

homas Anderson est un banal programmeur dans le service administratif d’une multinationale. Il partage avec des millions d’autres bureaucrates une vie d’anonymat, rivé à son ordinateur, aux ordres de patrons insensibles et vociférants.

La nuit, Thomas dévoile une identité beaucoup plus hors norme : sous le nom de "Neo", il créé ses propres programmes et infiltre, avec ses virus, les circuits officiels en multipliant les délits informatiques par pur « fun ».

La réalité semble fuitr peu à peu Neo. Assailli de rêves étranges d'où émergent des messages cryptés d'un certain Morpheus, il est peu initié au monde qui se cache derrière les apparences trompeuses. La matrice serait à l'origine de tout, de tout l'environnement de Néo et des autres humains enchaînés à l'omnipotente entité.

Mais nul ne sait ce qu'est la Matrice, aucun homme n'a encore réussi à en percer les défenses. Pour Morpheus, Neo est pourtant l'élu, le seul capable de mettre en échec la Matrice et ses terribles agents.

Morpheus et son groupe de résistants ont convaincu Neo de tenter une expérience qui engage son avenir pour sauver celui de toute l'espèce humaine. Raccordé aux circuits de la Matrice, il brise la réalité et découvre notre monde tel qu'il est : des ruines à perte de vue, des millions d'êtres humains en léthargie, sevrés par la Matrice. Aidé de Morpheus et de Trinity, la prophétie est en marche, l'élu se découvre peu à peu, l'espoir renaît…

Un groupe de résistants explore le "réel" à la recherche d'un sauveur. Le film, traité dans un style visuel audacieux et novateur, évoque le rapport réalité/hyper-réalité et la différence entre ce qui est réel et ce que nous percevons comme réel." C’est sûr, Matrix brasse large, peu de paroles, des actes, tel serait la profession de foi de ce film qui mêlent conspiration, cyberpunk et karaté ! Une mayonnaise qui aurait pu être la plus indigeste mais les réalisateurs on su concocter un astucieux cocktail très fin de siècle !

Tel Alice au Pays des merveilles, Neo suit le lapin blanc et se retrouve tout de noir vêtu, entouré de personnages répondant aux noms évocateurs de Morpheus (Laurence Fishburne) et de Trinity (Carrie-Anne Moss), le tout dans un décor futuriste à la Blade Runner. Tout indique clairement la conception d’une nouvelle mythologie S-F. Alliant le tout à un scénario parfaitement maîtrisé basé sur l’éducation et la prise de conscience progressive de Néo (qui rappele le scénario de Star Wars, pour rester dans le domaine de la S-F) : dans un premier temps il découvre la connaissance (la Force...) sans la comprendre. Puis, un des protagonistes vient le chercher (Trinity/Princessse Leia) pour lui demander de l’aide… Les parallèles sont nombreux, mais ce serait minimiser l’importance de Matrix tant sur le plan des effets spéciaux que sur la créativité. Puisant dans les romans matérialo-technologiques de Sterling ou Gibson, comme Strange Days de Bigelow, Matrix est la première réussite du film cyberpunk.

Les deux laveurs de carreaux qui apparaissent brièvement lorsque Neo s'échappe de l'immeuble où il travaille sont interprétés par les frères Wachowski.

En 1993, une page est tournée en matière d'effets spéciaux, la société ILM (Industrial Light and Magic) a conjugué les techniques de pointe en un seul film : Jurassic Park. Dinosaures de synthèse en rendu 3D, animatronique, inséré dans des prises de vue réelles sans aucun lien disgracieux.

Les frères Wachowski l'ont bien compris, mais ils trimballent depuis plus de cinq ans leur scénario sans qu'aucun studio ne veulent leur faire confiance. Leur bébé c'est Matrix, un film de science-fiction "novateur" comme ils disent. Et de rajouter :"...c'est un mélange de Terminator, d'Alien, de Tron et de manga japonais comme Ghost In The Shell, de film de kung-fu, de mangas, de jeux-vidéo avec une pincée de comic-books...". Bref, de quoi effrayer le producteur le plus téméraire!

Un seul leur fait confiance : Joel Silver, déjà producteur de quelques hits mondiaux comme Die Hard (Piège de cristal) ou autres Predator, Arme Fatale, etc... D'emblée, le courant passe et les deux frères réalisateurs réclament un spécialiste du kung-fu pour coordonner des combats de Kung-Fu : Yuen Woo-Ping. C'est le seul chorégraphe à utiliser les câbles et les harnais pour rendre les combats virevolants et spectaculaires. Tout ce harnachement sera ensuite délicatement effacé par d'autres spécialistes : ceux de l'image numérique. En matière d'effets spéciaux, les frangins Wachowski sont particulièrement exigeants : ils veulent dans une même scène, voir bondir le héros dans les airs, puis à l'apogée de la virevoltante figure, le voir donner un coup de pied hyper-spped puis retomber au sol comme une feuille morte au ralenti. Le tout sans coupure, avec une caméra en rotation à 360 ° autour du personnage!

La société Manex Visual Effects, avec à sa tête John Gaeta, est engagée. L'homme a déja tournée avec les plus grands comme Douglas Trumbull (2001, l'odyssée de l'espace), pourtant l'épreuve est difficile : les frangins veulent des ralentis à 600 images/seconde ce qui implique des mouvements de caméra 25 fois plus rapide que la normale, soit pour certains plans des parcours de 30 mètres devant être réalisés en 3/10ème de seconde!

Plutot que de propulser la caméra avec un moteur d'avion à réaction, Gaeta a une idée : sur un plateau au fond vert, il a placé 120 appareils photo autour de l'acteur retenu par les câbles. Tous disposés en arc de cercle selon une trajectoire prédéfinie, masqués derrière un cache vert, seuls les objectifs sont prêts à photographier la scène (leur image sera ensuite masquée numériquement). Lors du tournage, ils sont ensuite déclenchés successivement tous les tiers de seconde. Les images sont ensuite assemblées sur ordinateur pour constituer une séquence filmée, les logiciels assurant la fluidité entre les photos, ace des intervalles dont le nombre varie en fonction du ralenti souhaité par les réalisateurs. On raccorde ensuite le tout (avant et après la scène) pour l'inclure dans un décor entièrement virtuel.

Cet effet, nommé Bullet Time (temps balistique), permet une décélération du temps, comme si l'on pouvait voir les balles passer. Les scènes filmées avec cet effet sont les plus percutantes de Matrix, un film qui, sur le plan des effets spéciaux, a révolutionné la fin du millénaire.

Matrix sera entré dans l'histoire comme le premier film piraté sur le web. Grace au format de compression MPEG, le film a pris place sur le Web dans son intégralité, en copie numérisée. Le studio Warner Bros n'a pas fait de procès vue la qualité et la taille de l'image plus que médiocres : le film avait été filmé au camescope dans une salle de ciné et tenait sur 1,4 Gigaoctets de données ! Une sorte de pied de nez à la philosophie anti-lobby de Matrix ! Cependant, lorsque les accès haute-vitesse et les procédés de compression seront améliorés on peut s'attendre à ce qu'Internet devienne le vecteur principal de diffusion des films.

D'emblée, Larry et Andy Wachowski pensèrent à Keanu Reeves pour le rôle de Neo. Il l'avait vu interpréter Johnny Mnémonic (1995), rôle assez semblable et prophétique, les frangins de la matrice déclaraient à son sujet : "Lorsque nous avons rencontré Keanu, il était clair qu'il aimait le script et en avait parfaitement saisi l'esprit. Nous parlions le même langage. Keanu a un physique juvénile, qui cadre bien avec son rôle, mais également une maturité qui rend crédible l'évolution de son personnage et sa victoire finale"

L'autre choix immédiat des frères Wachoski fut celui de Laurence Fishburne, surtout pour sa présence scénique, son aspect autoritaire et froid et sa condition physique idéale pour les nombreuses scène d'action.

Pour Trinity, les deux réalisateurs auditionnèrent un grand nombre d’actrices avant de découvrir en Carrie-Anne Moss, celle qui répondait le mieux à leur attentes : "Nous recherchions un visage nouveau n’éveillant aucune idée préconçue chez le spectateur sur ces intentions belliqueuses ou amicales. Carrie-Anne a un jeu très intense et une remarquable présence physique. Sans être une lutteuse professionnelle, elle donne aussi l’impression de savoir se battre."

Carrie-Anne Moss : "J’avais pris un grand plaisir à BOUND et j’étais avide de travailler avec ses auteurs sur ce personnage fort, prêt à tout pour mener à bien sa mission. Trinity est une vraie guerrière, mais elle est capable d’amour et de compassion. Ce contraste m’intéressant. En outre, elle porte des tenues géniales !"

Larry et Andy Wachowski avaient été impressionnés par le travail de l’acteur australien Hugo Weaving le film Priscilla, la folle du désert. Ils choisirent pour lui le rôle du terrible Agent Smith. Sorte de Droopy de la Matrice, l’agent est toujours présent à l’endroit où on ne l’entend pas. Hugo Weaving est allé auditionner à Los Angeles, puis après le choix définitif, il s’est longuement entraîné pour ces diverses scènes musclées. Pour Weaving , c’est un emploi complètement différent de ces films précédents, mais j’avais envie de travailler avec Larry et Andy dont il admire l’écriture cinématographique l’ont finalement convaincu.