Soleil vert

 

 

Film américain (2002). Science fiction. Durée : 1h 47mn.

Date de sortie : 1973

Avec Charlton Heston, Edward G. Robinson, Leigh Taylor-Young 

Réalisé par Richard Fleischer

 

L'histoire

New York, en l'an 2022. Pollution et surpopulation : 41 millions d'habitants mènent une existence misérable. Un brouillard empoisonné recouvre la surface du globe, d'où la végétation à pratiquement disparue. La nourriture véritable atteint des prix si élevés que seule une minorité de privilégiés peut se l'offrir; les autres doivent se contenter d'aliments synthétiques, rationnés par le Gouvernement et fabriqués par la 'Soylent Company', qui nourrit ainsi la moitié du monde à l'aide de tablettes dérivées du plancton, baptisées selon les jours : 'Soylent Yellow' (jaune), 'Red' (rouge) ou 'Green' (vert)…

Dans les années 70, les préoccupations écologistes s'immiscent dans tous les genres du cinéma américain, du western au film catastrophe. Dans ce classique annonciateur des maux de notre époque(vache folle, réchauffement climatique), deux acteurs de l'âge d'or hollywoodien (Edward G. Robinson et Charlton Heston) interprètent les personnages principaux, choix judicieux puisqu'ils incarnent à merveille ce bonheur perdu, qu'il soit sur Terre ou à Hollywood.

 

L’expression de la peur

Le documentaire de Michael Moore « Bowling for colombine », se propose, entre autres, de montrer à quel point la peur est un élément important de la civilisation américaine. Elle est présente à chaque coin de rue. Elle s’insinue et se manifeste sous diverses formes à la radio, à la télévision et dans la littérature. Le cinéma est l’un des media favori de la peur. La formule consacrée : « la peur de l’autre » peut expliquer la composition de nombreux scénarii hollywoodiens. La peur de ses voisins est l’un des ressorts dramatiques principaux du film d’Alfred Hitchcock, Fenêtre sur cour. La peur des voisins de la campagne est l’un des éléments principaux de certains films comme Massacre à la tronçonneuse de Tobe hooper ou Délivrance de John Boorman. Il y a aussi la peur des voisins extraterrestres, la peur de l’au-delà, du surnaturel… Mais l’une des peurs les plus angoissantes ne serait-elle pas celle d’un futur incertain et peu heureux ?

Dystopia ?

Soleil vert s’inscrit dans le cadre de cette peur du futur. On nous y présente des foules sans noms et sans visages, des personnes accablées, aux personnalités de moutons. L’imagination, les divertissements et la culture ne sont réservés qu’à une poignée d’élus. La mémoire des temps passés se corrompt. Ces quelques caractéristiques font du film une pièce à mettre en relation avec d’autres réalisations plus récentes comme Equilibrium, Cypher (peut-être ?) et Matrix. Ce sont  autant d’œuvres modernes dystopiques qui proposent une représentation alarmiste d’une société futuriste incertaine qui ne fonctionne pas, qui ne fait pas le bonheur de ses citoyens, et qui semble forcément vouée à l’échec.

Un futur incertain n’arrive jamais seul…

Un futur incertain, c’était la tendance de l’époque aux états unis. Le pays avait les deux pieds dans une troisième décennie de guerre au Vietnam, le tout ne faisant partie que d’une menace fantôme que l’on appelait alors guerre froide. New York était alors gangrenée par le crime, financièrement et moralement en faillite. De nombreux américains, apeurés par une éventuelle attaque nucléaire se demandaient : « un futur, aurons nous la chance d’en avoir un ? ». C’est dans ce cadre peu reluisant que fut produit Soleil Vert, adaptation du roman Make Room ! Make Room !, écrit en 1966 par Harry Harrison…

Make Room ! Make Room !

Le roman raconte l'histoire d'Andy Rusch : un détective vivant dans un New York délabré et surpeuplé. Ce dernier se voit confié une enquête : le meurtre d'O'Brien, un racketteur dont la mort est liée à un autre racketteur cooptant son territoire.  La quête de Rusch est le prétexte utilisé par Harrison pour présenter au lecteur un futur relativement proche dans lequel les ressources naturelles de la terre sont épuisées. New York, surpeuplée, est devenue une mégalopole invivable. Charlton Heston était un grand fan du livre. Il a essayé pendant des années d’adapter le roman en film. C’est MGM qui s’en est chargée, en prenant quelques libertés avec l’histoire originelle qui n’étaient pas du goût de l’écrivain. Dans le livre, il y a bien des biscuits à base de soja que l’on distribue aux citoyens affamés mais il ne s’agissait ni plus ni moins que de biscuits de Soja destinés à nourrir la populace. En outre, dans le film, l’un des personnages, Sol, meurt en entrant volontairement dans un salon de suicide approuvé par le gouvernement. Ce n'est pas de cette manière que le personnage est mort dans le livre et il est de renommée qu’Harrison avait détesté cette idée, bien qu’ayant admis que la scène avait été bien réalisée.