La Planete des Singes

 

 

Mais si le roman est relativement court, il n'en va pas de même pour les idées développées. Dans une prose assez simple et un style délesté du superflu, Pierre Boulle nous emmène en effet à la rencontre de notre propre société. Le regard que jette le lecteur sur la société simiesque décrite par l'auteur pourrait être celui de l'observateur extérieur, curieux et objectif. A une différence près cependant, et de taille : ici, les humains sont les bêtes de somme sans âme des singes au pouvoir, et les malversations comme le dégoût qu'ils suscitent chez eux ne peuvent qu'interpeler le spectateur. Ce genre de scène n'est sans doute pas sans rappeler non plus l'attitude des hommes sur les espèces dites "inférieures"... Mais là ne réside pas la principale force de l'histoire : le comportement des singes eux-mêmes, au travers du dogmatisme de leurs chefs religieux en particulier, gardiens de la foi comme de "l'orthodoxie scientifique" laisse au lecteur attentif comme un arrière goût de déjà-vu. Le choc du dénouement, quant à lui, ajoute à l'ensemble une touche finale qui achève définitivement tout embryon d'espoir...


L'adaptation de Franklin Schaffner
Date de sortie : 1967
Réalisateur : Franklin Schaffner
Durée : 107 minutes
Scénario : Michael Wilson et Rod Serling
Photographie : Leon Shamroy
Maquillages : John Chambers
Musique : Jerry Goldsmith
Production : Arthur P. Jacobs pour les studios "Fox"
Tournage : Parcs nationaux de l'Arizona et de l'Utah
Personnages : Taylor (Charlton Heston)
  : Cornelius (Roddy Mc Dowall)
  : Zira (Kim Hunter)
 
La planète des singes - Franklin Schaffner


A l'époque des premiers voyages hors du système solaire, quatre astronautes se voient confier la mission d'explorer le système d'une étoile sitée dans la constellation d'Orion. Le voyage se termine en l'an 3979 par un crash sur une planète inconnue et la mort de l'un des astronautes. La planète sur laquelle débarquent les survivants est apparemment viable pour leur survie. Commence alors une longue exploration et la traversée d'une vaste étendue désertique, au cours de laquelle le moral des hommes est mis à rude épreuve, jusqu'à la découverte des premières formes de vie puis d'une gigantesque oasis. Surprise : celle-ci est habitée par une espèce proche de l'espèce humaine mais apparemment dénuée de la parole, qui fuit rapidement à l'approche de cavaliers... simiesques ! Capturé, Taylor va devoir faire la preuve de son "humanité". Mais certaines théories et certaines preuves risquent de déranger...



Découvert par Hollywood, "La planète des singes" fait rapidement l'objet d'une adaptation cinématographique de la part de Franklin J. Schaffner, laquelle consacre l'un des plus grands rôles de Charlton Heston. Il est nécessaire ici de rappeler que la réalisation devait initialement échoir à Blake Edwards ("Diamants sur canapé", "La panthère rose"), mais que Charlton Heston aurait imposé Franklin Schaffner, qui l'avait précédemment dirigé dans "Le seigneur de la guerre".
L'esprit de l'oeuvre originale est formidablement bien conservé, même si le scénario en diffère quelque peu. Cette première adaptation diverge fortement du livre dans le dénouement, mais là encore, quel choc ! Il est fort à parier que la plupart des spectateurs de ce film n'oublieront pas de sitôt les mots de Charlton Heston, de ces mots qui se gravent au burin dans la mémoire... L'apocalypse finale est tellement mémorable qu'elle pourrait servir d'icône.